Influenceurs financiers : comment y voir clair

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Adepte des médias sociaux, vous y récoltez la plupart de vos informations en matière financière? Les investissements proposés par certains influenceurs vous semblent alléchants et vous pourriez vous laisser tenter? Voici ce qu’il faut savoir pour éviter le pire.

En matière financière, les médias sociaux sont une source de plus en plus populaire d’information, surtout chez les jeunes. En 2022, la RBC dévoilait les résultats d’un sondage selon lequel le quart des 18 à 24 ans trouvent leurs renseignements financiers sur TikTok et Instragram ou via des articles publiés en ligne. L’année suivante, elle dévoilait un autre sondage dans lequel 40 % des participants âgés de 13 à 17 ans déclaraient «avoir appris des choses sur l’argent» en consultant au moins une plateforme de réseaux sociaux – auprès d’eux, c’est YouTube et TikTok qui étaient les plus populaires. Aux États-Unis, ces réseaux sont encore plus courus. Selon une enquête commandée par Forbes Advisor et menée par Prolific en janvier 2023, 79 % des 18 à 41 ans disaient y obtenir des conseils financiers.

Ces personnes ne sont pas toujours mal informées, bien au contraire. «Sur les réseaux sociaux, il y a des influenceurs qui n’ont aucune formation, qui font état de leur expérience personnelle et qui proposent des produits risqués», dit Clarisse N’Kaa, analyste à Option consommateurs, qui travaille actuellement sur un rapport concernant les finfluenceurs, un autre mot pour désigner les influenceurs financiers. «Mais il y a aussi des influenceurs qui ont une solide formation en finance ainsi que des professionnels dûment certifiés qui donnent des conseils pertinents et offrent leurs services ».

 

Pour discerner le bon du moins bon

Comment repérer ceux dont les pratiques sont discutables? «Quand tout l’effort est mis sur le visuel, il faut s’interroger», dit Fabien Major, planificateur financier et conseiller en gestion de patrimoine auprès de iA Gestion privée de patrimoine. Selon M. Major, il faut faire de même lorsqu’un site est rempli de questions auxquelles on ne peut obtenir de réponse qu’en se procurant une formation ou un livre moyennant une somme relativement élevée, ou encore lorsqu’on fait face à une série de sollicitations insistantes.

Cela dit, ce n’est pas parce qu’il n’a rien à vendre que l’influenceur ne profite pas de votre présence pour faire des sous. Car certains d’entre eux sont payés pour faire la promotion de produits. Lorsque c’est le cas, ils doivent l’indiquer en utilisant des mentions comme #pub ou #commandité, tel que prescrit par les Normes sur la publicité. Notons que l’organisme a publié des lignes directrices à l’intention des influenceurs et que le Bureau de la concurrence a aussi publié de l’information susceptible d’aider les influenceurs à améliorer leurs comportements. «Ces mentions, qui ne sont pas toujours présentes ni toujours placées de manière à être bien visibles, ne sont généralement pas bien comprises par les consommateurs», déplore Mme N’Kaa.

 

Une notoriété sur des bases solides

Selon Fabien Major, il faut aussi faire attention à ceux qui moussent leur notoriété, prétendue ou réelle. «Le fait qu’une personne s’attribue elle-même de la notoriété est en soi quelque chose de suspect, dit-il. C’est au public de faire cela, et il ne le fera que s’il considère que l’influenceur a eu sur lui un impact positif.» M. Major ajoute que la notoriété ne s’acquiert pas du jour au lendemain, mais se construit lentement, avec le temps.

Autre élément susceptible de sonner l’alarme: le fait qu’un influenceur dénigre l’investissement traditionnel et les autorités réglementaires et dirige les internautes vers des produits risqués, comme les cryptomonnaies et les jeunes pousses technos. Cela vous semble aller de soi? Plusieurs consommateurs se font pourtant avoir. «Certains influenceurs sont habiles à contourner les règles et ont un certain talent dans l’art de convaincre, avance Fabien Major. Cela n’est pas à négliger.» Il faut se rappeler que plus le rendement promis est important, plus les risques le sont également.

 

La connaissance du client

Enfin, il faut également se méfier de ceux qui proposent un produit à une personne sans, au préalable, obtenir de l’information à son sujet. Car en matière financière, le conseil est particulièrement important. « Un professionnel s’intéressera à la situation de son client et lui fera remplir un profil d’investisseur, rappelle Fabien Major. Il est important qu’il agisse ainsi car chaque personne a sa propre situation personnelle, qui doit être prise en compte par le conseiller en services financiers afin qu’il puisse être en mesure de lui procurer des produits qui conviennent. Il faut aussi que le professionnel fixe un certain horizon de temps pour diminuer les risques… »

Notons que le conseiller en services financiers doit respecter ses obligations, qui sont écrites noir sur blanc dans le Code de déontologie de la Chambre de la sécurité financière. Et que, pour exercer au Québec, il doit obligatoirement avoir un permis de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Pour vérifier si c’est le cas de la personne avec laquelle vous pensez faire affaire, consultez le Registre des entreprises et des individus autorisés à exercer, qui se trouve sur le site de l’AMF.

Références

Cet article a été préparé pour la section Partenaires du magazine Protégez-vous.