Sondage sur les revenus de retraite : les défis des communautés

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Lorsque vient le temps de bâtir leur épargne-retraite, les communautés culturelles font face à des défis supplémentaires. C’est ce qui ressort d’une récente enquête dont les résultats font réfléchir.

L’Étude sur les revenus à la retraite des Québécoises et Québécois a permis de mettre en lumière des réalités méconnues sur la relation de la population avec l’épargne en vue de la retraite. Les différences entre les hommes et les femmes ont été explorées dans ce sondage fouillé réalisé par Léger pour le compte de la Chambre de la sécurité financière et ÉducÉpargne, mais aussi celles qui subsistent au sein des communautés culturelles. À cet égard, l’enquête révèle qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

 

Des différences criantes

La chercheuse et professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Hélène Belleau, titulaire de la Chaire Argent, inégalités et société, s’est penchée sur la question. D’entrée de jeu, elle remarque que deux éléments ressortent tout particulièrement à propos des communautés culturelles. « On constate que la situation économique des immigrants est plus précaire, mais aussi qu’il y a une réelle méconnaissance du fonctionnement de notre système de retraite », indique-t-elle. Ainsi, sur 27% des répondants mentionnant que leur situation financière est mauvaise, 41% sont des personnes qui ne sont pas nées au Canada. De plus, sur les 19% indiquant que leur emploi est précaire, 31% sont des immigrants.

En toute logique, le manque de ressources financières fait en sorte qu’ils versent moins dans leurs REER et autres outils d’épargne-retraite. Sans surprise, ils sont également plus nombreux à craindre d’épuiser leurs économies trop rapidement (41% comparativement à 30% pour la population née au Canada).

Autre aspect qui pèse lourd dans la balance, le fait que nombre d’entre eux s’attendent à devoir utiliser leur épargne pour soutenir des proches, que ces derniers vivent ici ou dans un autre pays (18% d’immigrants comparativement à 7% pour la population née au Canada). « Ils sont aussi 22% à affirmer qu’ils n’ont pas encore planifié leur retraite et à penser que cela va se régler de soi-même. Ce pourcentage n’est que de 8% dans le reste de la population », remarque Hélène Belleau.

 

Des besoins en littéracie financière

Le fait que notre système de retraite soit relativement complexe et comporte différents éléments (rentes du fédéral et du provincial, fonds de pension de l’employeur, épargne personnelle) ne facilite pas la tâche des nouveaux arrivants. « Contrairement à d’autres pays où le régime est simplifié, ici, on a besoin d’avoir une bonne littératie financière pour le comprendre », note-t-elle.

Mais ce n’est pas tout, car les immigrants doivent aussi saisir la différence entre cartes de débit et de crédit, se familiariser avec le crédit et éviter les pièges de l’endettement. Certes, ces enjeux sont également bien présents pour les personnes nées au Canada, mais ils se trouvent décuplés pour les nouveaux arrivants. Afin de mieux servir et accompagner cette clientèle, de l’avis d’Hélène Belleau, les conseillers en services financiers doivent être bien au fait de la réalité et des défis particuliers auxquels elle fait face.

 

Une nouvelle chaire

La Chaire Argent, inégalités et société a été créée en novembre dernier par la CSF en collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique. Ses travaux portent sur les aspects sociaux de la gestion des finances afin de mieux comprendre les inégalités et aider à identifier des solutions pour les réduire. Pendant les cinq prochaines années, elle travaillera sur ces trois sujets : les situations de vie complexes, les questions immigrantes et l’analyse différenciée selon le genre.

 

Références

Cet article est d’abord paru dans l’édition d’été 2024 du CSFMag+.

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